Beaucoup a été dit au sujet des frappes aériennes russes pas assez précises pour minimiser les dommages causés aux infrastructures civiles et le nombre de morts parmi les civils.
Cela fait des décennies que les chefs militaires de l’Ouest considèrent avec condescendance les capacités militaires de la Russie. Pointant l’équipement «obsolète » et de nombreux inconvénients, ils avaient coutume de dire que la Russie ne rivalise pas avec l’OTAN.
Or la démonstration des capacités militaires russes en Syrie s’est présentée comme un choc.
Venant juste d’être publié à ce sujet, un rapport analytique confidentiel de l’OTAN a admis la supériorité de la Russie sur les forces de l’Alliance et fait l’éloge de Moscou pour la « précision et l’efficacité » de ses frappes aériennes.
Selon les informations obtenues par le magazine allemand Focus, les opérations des forces aérospatiales russes sont bien plus efficaces que les frappes aériennes de l’OTAN, malgré la supériorité numérique de l’Alliance.
Écrit par Josef Hufelschulte, l’article publié le 5 mars par Focus se réfère à un rapport confidentiel de l’OTAN. Il informe que 40 avions de combat russes effectuent 75 sorties par jour pour porter des frappes de précision sur des objectifs de l’État islamique.
Les experts de l’OTAN pensent que l’avion russe SU-35 est supérieur à tout ce que possède l’Alliance dans son arsenal.
Le document fait ressortir le fait que les équipages russes sont mieux formés.
Les capacités de combat de la Russie sont améliorées grâce aux renseignements fournis par l’armée arabe syrienne.
Selon le document, l’opération militaire russe a fait que les terroristes se retirent des positions prises précédemment. Chose particulièrement importante, le rapport relève que les avions russes n’ont fait absolument aucune victime civile.
Ce n’est pas la première fois que l’opération militaire de la Russie est décrite comme une grande réussite.
« Le renforcement russe a complètement changé la donne », a déclaré le lieutenant général Vincent R. Stewart, chef de la Defense Intelligence Agency, lors de son témoignage devant le Sénat. Assad est « en bien meilleure position pour négocier qu’il ne l’était il y a six mois », a relevé Stewart. « Je suis plus enclin à penser que c’est un acteur de la scène pour plus longtemps qu’il ne l’était il y a six mois à un an. »
Le 4 mars, les responsables de la défense ont confirmé à Fox News que pour tenter d’égaler les exploits russes, les États-Unis envoient des avions B-52 aux capacités nucléaires, capables de larguer des bombes sur le groupe terroriste de l’État islamique.
Selon Air Force Time, les stratoforteresses B-52 vont commencer leur première campagne de bombardement contre l’État islamique en avril. On ne sait pas combien de B-52 ou d’aviateurs seront impliqués.
Publié fin février, un rapport du Conseil de l’Atlantique met en garde contre le grave « manque de progrès » dans les projets de renforcement de l’Alliance.
L’ancien Secrétaire-Général Jaap de Hoop Scheffer, le commandant suprême adjoint Sir Richard Shirreff et Giampaolo di Paola, ancien ministre de la défense italienne et président du comité militaire de l’OTAN, sont parmi les auteurs. Selon le document : « Beaucoup de membres clés de l’alliance sont encore poursuivis par des « déficiences critiques » dans leurs armées « évidées ».
Un document de Rand Corporation, qui modélise des dizaines de scénarios de manœuvres militaires de concert avec le Pentagone, a constaté que les forces russes déborderaient l’OTAN en mer Baltique, et prendraient Tallinn et Riga en 60 heures au maximum, avec une défaite « catastrophique » de l’alliance défendant ses forces.
Le 8 février, European Leadership Network a publié un rapport alertant des nombreux points faibles et inconvénients de la posture de défense de l’OTAN.
« Je pense que la Russie a pris le dessus dans la région et c’est par des mesures historiques, une nouveauté. Et ils l’ont fait en utilisant la force armée », a déclaré Norbert Röttgen, chef de la Commission des affaires étrangères du Parlement allemand et membre du Parti conservateur de Merkel.
Grâce à la modernisation continue, les forces armées russes ont acquis un avantage évident, a dit Hans-Lothar Domröse, l’un des généraux clés de l’OTAN. C’est devenu possible grâce à l’électronique russe et aux compétences en ingénierie, a-t-il dit.
Les avions de combat russes effectuent parfois plus de sorties en un jour en Syrie que la coalition occidentale n’en fait en un mois. La marine russe a lancé des missiles de croisière depuis la mer Caspienne, à 1450 kilomètres de distance, et préservé les lignes d’approvisionnement allant vers la Syrie. Empêchant d’approcher tout ennemi potentiel, les systèmes antiaériens installés par l’armée russe en Syrie, sont les armes à longue portée les plus capables du monde. Ils ont des batteries de radars qui surveillent le ciel en permanence. Un missile peut abattre sa cible à une distance de 400 kilomètres. Il y a environ 40 aéronefs à voilure fixe basés à Lattaquié : les chasseurs-bombardiers incluent 12 Su-25s et quatre Su-30SM ; 12 avions Su-24M2s vieillissants et six Su-34s. Les autres, les plus sophistiqués d’entre eux, les Su-34, code OTAN Fullback, ont remplacé des avions plus anciens. Il y a aussi des hélicoptères et un nombre indéterminé de drones.
Le déploiement en Syrie des équipements de guerre électronique russes, comme le Krasukha-4, capable de brouiller les systèmes radar des AWACS et des satellites, a été une autre expérience ayant donné à réfléchir à l’OTAN. Ronald Pontius, adjoint du chef de l’US Army à la tête du commandement cybernétique, a déclaré : « Vous ne pouvez qu’en conclure que nous ne progressons pas au rythme exigé par la menace. »
Le lieutenant général Ben Hodges, commandant de l’armée des États-Unis en Europe, a qualifié d’« extrêmement déplaisants » les progrès russes dans la guerre électronique en Syrie.
Il est fort utile à l’OTAN de connaître la réalité que son renseignement n’a pas vue.
Le président russe Vladimir Poutine a fait remarquer l’importance qu’il y a à ce que l’Ouest voit « pour la première fois que ces armes existent, qu’elles sont de haute qualité, et que nous avons des gens bien formés capables de les mettre en service avec efficacité. Ils ont à présent vu aussi que la Russie est prête à les utiliser si c’est dans l’intérêt de notre pays et de notre peuple. »
Les événements en Syrie sont une révélation pour l’Ouest. Il réalise qu’il a sérieusement sous-estimé les capacités militaires de la Russie. Ses services de renseignement ayant encore échoué, les événements en Syrie ont corrigé l’échec.
Sources : Strategic Culture Foundation, Andrei Akulov